Appel coordonné par Hassane MAHAMAT HEMCHI & Hermann GUY PADENOU
La moitié de la population mondiale est urbaine, et les villes contribuent au trois quart de l’économie mondiale et à l’horizon 2050, 70% de la population mondiale vivra dans les villes (UN-Habitat, 2015). Cette croissance démographique s’effectuera majoritairement sur le continent Africain qui enregistre les plus forts taux. C’est la région qui connaîtra la plus forte évolution démographique, car la population d’Afrique va doubler d’ici à 2050. Les perspectives tablent sur un boum démographique notamment parce qu’un grand nombre de jeunes atteindront l’âge adulte dans les années à venir et seront en âge de procréer.
Cette population demande et demandera sans doute un habitat adéquat ! Bien qu’au-delà de ces tendances démographiques, les villes africaines font face à des défis majeurs tels que : la pauvreté, le chômage, l’insuffisance des équipements et services de base, l’insuffisance, voire l’absence de planification. A cela s’ajoutent les contraintes de productivité dues au manque d’infrastructures, et le dérèglement climatique qui entraine des catastrophes pour plus d’un milliard d’habitants qui vivent aujourd’hui dans des formes urbaines complexes (taudis, précarité, sous équipements, sous intégration, informalité, etc.).
Dans cette situation d’insatisfaction et de désolation ; que sera la ville durable africaine ? Quel type d’habitat « décent » où « adéquat » pourrait répondre aux enjeux en tenant compte du contexte africain ? Cette appellation de « ville durable » ou de ville tout simplement, en tant que lieu à problèmes, peut changer à travers la considération de villes africaines beaucoup plus Résilientes, Durables et Intelligentes, qui misent sur l’extraordinaire potentiel de ces lieux pour permettre le changement en raison de la concentration de l’activité économique et de l’innovation.
Il s’agit de bâtir à l’échelle du continent des villes sur leurs richesses culturelles, sociales et démographiques pour prospérer, tout en limitant leur empreinte écologique et en s’adaptant aux changements. Ceci, en s’appuyant sur les outils d’urbanisme, les bonnes pratiques, les opérations innovantes comme moyens de développement des territoires africains. Bien que, nous vivons une période très délicate, tout peut basculer vers le chaos dans nos territoires (villes) qui sont dans des contextes aussi complexe qu’atypiques. Tout dépend de la capacité d’adaptation, la possibilité de réinventer et à de composer avec les moyens disponibles. Cependant, il faut absolument concilier paradoxes et antagonismes pour enfin répondre au bien-être de la population. Une nouvelle façon de penser est essentielle si justement nous aimerions à ce que nos territoires soient bons à vivre, des « habitats décents ».
La question interpelle aujourd’hui et amène à penser en profondeur l’urbanisation aux contours complexes, l’inadaptation des politiques de gestion urbaine, les transformations et les adaptations des modes de vie. Il faudrait également interroger l’accessibilité à l’habitat, les coûts de ces derniers dans des contextes sociétaux évolutifs, leur place dans la société et la ville africaine. Les résumés pourraient, à cet effet, s’inscrire dans l’un des axes ci-après.
Axe 1 : Ville nouvelle en Afrique
Le concept de « ville nouvelle » en Afrique est polysémique. Les politiques publiques de mise en place des villes nouvelles sont en vogue depuis plus de trois décennies, à l’exemple des villes maghrébines : Tamasna, Tamasort… Une politique initiée au départ pour résoudre le problème de macrocéphalie des villes existantes et dans une moindre mesure d’atténuer ou remplacer les bidonvilles afin de désengorger les mégas villes capitales de certains pays d’Afrique ; surtout dans la production de l’espace et du droit à la ville (LEFEBVRE H., 1974). C’est dans cette même logique que les pays d’Afrique subsaharienne ont initié, la mise en place des villes nouvelles pour la plupart aux portes des grandes villes capitales à savoir : Diamniadio au Sénégal, Kilamba aux portes de Luanda en Angola. Vouloir et/ou pouvoir héberger la population africaine est devenu un sérieux problème social face à l’étalement urbain sans fin que connaissent les pays. Il se pose dès lors un problème démographique lié d’abord à une croissance naturelle élevée et aussi un exode sans précédent en direction des centres urbains pour diverses raisons. Les différentes propositions pourraient donc s’intéresser aux pratiques et/ou politiques publiques et/ou privées de conception, de la mise en place et de gestion des villes nouvelles en Afrique.
Axe 2 : Ville durable en Afrique
Cet axe pourrait approcher le problème de la mise en place de la ville durable en Afrique. ville nouvelle durable et/ou un réajustement de la ville existante, par une entrée sociale en considérant tous les outils, les pratiques et politiques comme axes de réflexions (CHARLOT-VALDIEU C., OUTREQUIN Ph., 2011). Les analyses pourraient alors s’intéresser aux possibilités offertes par les villes durables actuelles et en devenir, comme Benguérir (Maroc), Sémé City (Togo), etc. Ces nouvelles opportunités ou lieux d’expériences feront l’objet d’analyse empiriques et/ou pratiques sur les initiatives urbaines résilientes, innovantes et respectant les facteurs de réduction de la pollution et l’utilisation raisonnable des énergies.
Par ailleurs, des centres de recherches & développement sur la ville durable en Afrique se créent partout pour accompagner les pratiques et/ou outils de mise en œuvre de la ville durable en Afrique. A titre d’exemples : le Centre d’Excellence Régional sur les Villes Durables en Afrique (CERViDA) de l’Université de Lomé ; le Centre Excellence in Africa (EXAF) de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), etc. Leur objectif est de former et accompagner les spécialistes de la ville durable en Afrique. Les différentes propositions pourraient donc s’intéresser aux contours théoriques et pratiques du concept de la ville durable en Afrique.
Axe 3 : Initiatives, politiques et pratiques d’Habitation « décente »
L’habitation et/ou le logement (décent ou pas) est important pour tout être humain. Il est au centre des choix de vie des personnes et des familles de toutes conditions et territoires (BONNIN Ph, 2002). C’est pourquoi la recherche des meilleures façons d’assurer à chaque citoyen un toit est une préoccupation majeure dans les initiatives, les politiques et pratiques par toutes les sociétés et tous les États africains. Ainsi à travers cet axe, les différents textes sur toutes les initiatives de bonne volonté, les politiques publiques et aussi les initiatives privées (ou en partenariat) de logements, d’habitat social, etc. sur le contient sont les bienvenues. Ainsi, les différentes propositions pourraient développer les modes de production, de distribution, de location et de suivi des logements décents en Afrique.
Ce premier numéro thématique de la nouvelle revue scientifique pluridisciplinaire de l’EAMAU entend recueillir des travaux de qualité mettant en avant les connaissances et expériences sur les villes africaines. Les axes ci-dessus sont non exhaustifs. Les contributions peuvent relever de l’Architecture, de la géographie, de la sociologie, de la gestion publique, de l’urbanisme, de l’aménagement, etc., mais les approches interdisciplinaires, les études de cas et les textes empiriques sont fortement encouragés. Le présent dossier thématique souhaiterait surtout décloisonner les débats et les regards sur le caractère d’habitat décent qui marque les villes nouvelles et les villes durables en Afrique.
Délais et consignes aux auteurs
Les auteurs peuvent s’adresser aux coordinateurs du numéro pour signaler leur intérêt au travers d’un résumé de 250 mots pour le 15 juin 2022. L’envoi des articles définitifs devra être fait pour le 30 juillet 2022 pour une parution fin 2022 auprès des coordinateurs du volume 1 Numéro 1 de la revue HVD de l’EAMAU.
La rédaction de l’article devra respecter les normes de la revue. Merci de consulter en ligne à cette fin https://www.eamau.org/revue-scientifique-eamau/
Adresse E-mail : revue.hvd.eamau@gmail.com
Bibliographie indicative :
BERQUE A., Du geste à la cité : formes urbaines et lien social au Japon, Galimard, Paris, 1993, 264 p.
BONNIN Ph., BERQUE A., GHORRA-GOBIN C.(Dir.), La ville insoutenable, Colloque de Cerisy, Éditions Belin, Paris, 2006, 366p
BONNIN Ph (dir.), Manières d’habiter, Communications, n°73, Paris, Éditions du Seuil, sept. 2002, 265 pages, 2002
CHARLOT-VALDIEU C., OUTREQUIN Ph., L’urbanisme durable, Concevoir un éco quartier, 2ème Edition à jour du Grenelle II, Editions le Moniteur, 2011
LEFEBVRE H., La production de l’espace. In: L’Homme et la société, N. 31-32, 1974. Sociologie de la connaissance marxisme et anthropologie. Ed. Anthropos, Paris, pp. 15-32.
LION, Y., Architectures savantes, architectures populaires, In: Savant, Populaire, Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine, N° 15-16, Ed. du Patrimoine, Paris, 2004
